L’expositon à des situations répétées de stress peuvent mener à l’apparition de troubles chroniques altérant la santé physique et/ou psychologique.
Face à la faible efficacité et coût des prises en charge médicale et pharmacologique, la combinaison d’une approche non médicamenteuse avec un suivi hors les murs est apparue très récemment comme une véritable alternative.
Le développement des approches dites de cognition incarnée fournit un cadre scientifique prometteur pour le développement de ces nouvelles méthodes de prise en charge des troubles affectifs.
Ces approches reposent sur la démonstration expérimentale d’échanges constants entre les activités mentales et corporelles (Coello & Fischer, 2016), permise en particulier au travers du fonctionnement du système nerveux autonome [SNA].
Malgré cet intérêt, les connaissances des échanges existant entre le SNA et le système nerveux central dans le domaine de la régulation émotionnelle demeurent parcellaires, et asymétriques.
L’existence de perturbations prolongées du fonctionnement, appelées « dysautonomies » a été identifiée à la fois dans la population générale soumise à des stress importants et dans des pathologies variées : maladie de Parkinson, épilepsie, fibromyalgie, trauma crânien, AVC, dépression, addiction et bien d’autres (pour une revue ; Hilz, Liu, Roy, & Wang, 2018).
Ceci laisse suggérer que cette dysautonomie occupe une place centrale dans l’émergence ou le maintien de ces troubles. Une des méthodes utilisées pour apprécier l’activité du SNA chez un individu fait appel à la mesure de la variabilité du rythme cardiaque [VRC].
L’idée essentielle est que la VRC est davantage qu’un indice de la santé cardiaque. Elle fournit un indice de la mesure dans laquelle le système « intégratif » de la régulation adaptative du cerveau offre un contrôle flexible sur la périphérie.
L’objectif de ce projet sera de réaliser une « preuve de concept » portant sur l’efficacité des méthodes de biofeedback, qui connaissent ces dernières années un développement important en lien avec des applications proposées sur tablette et smartphone.
Cette technique consiste à entrainer le participant à autoréguler son activité physiologique (par exemple, rythme cardiaque, ou rythme cérébral) afin d’amener des répercussions positives sur sa régulation du stress, ses capacités de prise de décision et son bien-être physique et mental.
Pour ce faire, nous nous proposons de réaliser des suivis en ambulatoire de sujets sains et de patients souffrant de troubles somatiques d’origine psychologique à qui seront proposés i/ des évaluations de leur états physique et psychologique à l’aide d’applications de e-santé et ii/ des techniques embarqués d’enregistrement et de stimulation des activités cardiaques (technologie movisens).
Ce projet consistera à examiner dans 2 types de populations (patients somatoformes et travailleurs en état de stress), l’efficacité des méthodes de biofeedback, avec l’objectif final de développer une application efficiente visant à rétablir l’équilibre de la balance sympatho-vagale à l’origine des troubles rapportés dans ces 2 populations.
Les patients somatoformes sont des patients qui présentent des symptômes lourds, ressemblant principalement à des crises épileptiques, des troubles moteurs similaires à ceux de la maladie de Parkinson ou des troubles chroniques de l’intestin similaires aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.
Les prévalences de ces maladies dans les services sont importantes ; autour de 35 % en service de neurologie, et jusqu’à 50% des motifs de consultations de gastroentérologie.
Concernant la population générale, la place du burn-out dans les causes d’arrêt de travail n’a cessé d’augmenter ces 10 dernières années, les symptômes les plus fréquents reflètent la dysautonomie évoquée plus haut avec une fatigue chronique, des insomnies, des troubles de la concentration et de la mémoire, des symptômes physiques (palpitations, mots de tête, etc…), et une plus grande sensibilité aux troubles psychologiques (dépression, anxiété).
Pour le territoire :
Pour l’USMB :
Pour les entreprises :
Stade de maturité de l’innovation & type d’innovation :
Ce projet se situe dans la phase d’émergence et de preuve de concept (TRL 1à 3).
Il s’agira d’éprouver des méthodologies d’approches du biofeedback. L’innovation portera sur le développement de
nouveaux produits (applications smartphones) et de process (validation méthodologiques).
Verrous scientifiques et/ou technologiques à lever :
Plusieurs laboratoires disséminés sur le territoire chambéro-grenoblois (LIP, LPNC, SENS, GIN…) et à sa proximité (CISA, Genève) ont initié en parallèle à la fois la construction de plateformes techniques et des protocoles de recherche visant à évaluer l’efficacité d’approches alternatives, axées sur la modulation de la VRC.
Dans ce cadre, le projet Heart-Brain présenté ici a reçu en novembre un soutien prioritaire de l’Initiative d’excellence (IDEX) NeuroCog de l’UGA àhauteur de 150 K€ destiné à fédérer la communauté scientifique travaillant sur ces thèmes dans le bassin, sous la responsabilité du porteur de ce projet (financement d’investissement et de workshops notamment). Dans ce cadre, 35 K€ ont été fléché pour le cofinancement d’un doctorat.
Nature des opérations financées par la Fondation : Complément de financement de thèse pour un montant de 55K€.