L’Université Savoie Mont Blanc a initié en 2020 la création d’une “structure fédérative de recherche interdisciplinaire en santé, prévention et qualité de vie” qui fédère une soixantaine de chercheurs de huit laboratoires. Objectif ? Promouvoir leurs travaux. Le point avec Sonia Pellissier, directrice de cette structure.
Sonia Pellissier, Maîtresse de conférences au LIP/PC2S, Laboratoire Inter-universitaire de Psychologie, Personnalité, Cognition, Changement Social – Université Savoie Mont Blanc.
Un mot tout d’abord sur votre parcours.
Il est atypique. Biologiste et physiologiste de formation, je travaille aujourd’hui en psychologie, sur la place du stress et des émotions dans le dialogue entre le cerveau et l’intestin. J’essaie par exemple de comprendre comment une pathologie inflammatoire intestinale comme la maladie de Crohn peut impacter le cerveau et générer des états dépressifs. Les résultats de mes recherches ont montré l’implication du nerf vague. Sa défaillance favorise l’inflammation et sa stimulation améliore l’immunité et la santé mentale du patient. Aujourd’hui, j’explore les méthodologies permettant de renforcer l’activité vagale dans la prise en charge des troubles liées au stress (somatisation, burnout, trouble de stress post-traumatique). Mes recherches font souvent appel à l’interdisciplinarité.
Cette interdisciplinarité vous a conduit à vous impliquer dans la création de cette structure fédérative. Pourquoi une telle initiative ?
La pluridisciplinarité, c’est l’ADN de notre université. Au sein de l’USMB, une soixantaine de chercheurs de différentes disciplines (droit, biologie, informatique, psychologie, économie, mécatronique…) travaillent sur des problématiques de santé. De nombreux travaux sont menés dans ce domaine et ne sont pas suffisamment mis en lumière au sein du territoire. D’où l’idée de créer cette Fédération de recherche interdisciplinaire en santé, qui accroît la visibilité et l’accessibilité des recherches menées dans le domaine de la santé au sein de l’USMB. Cette fédération de recherche centrée sur l’interdisciplinarité en santé au sein d’une université “hors santé” comme la nôtre, est unique en France.
Concrètement ?
Nous travaillons autour de trois axes :
Le premier vise la promotion de la santé en population générale et l’identification des situations de vulnérabilité (ex : prévention de la chute favorisant l’autonomie à domicile ou la promotion des comportements de santé telle que l’activité physique). Le deuxième concerne l’homme dans son milieu professionnel, pour savoir comment allier le bien-être et la performance au travail ; cela inclut la prévention des risques psychosociaux (addictions ou troubles musculo-squelettiques), la détection des signaux faibles des états de stress chroniques et du burnout et l’innovation managériale. Le troisième concerne plus particulièrement la santé du patient avec la problématique des maladies chroniques et l’altération de la qualité de vie qu’elles occasionnent. Il s’agit de rechercher des méthodologies éprouvées pour améliorer leur prise en charge (mise au point d’outils d’aide au diagnostic, de prévention tertiaire ou d’innovation dans le parcours de soin…). Au croisement de ces axes, on retrouve des problématiques transversales relevant de la recherche dans les domaines juridique (droit de la personne, données numériques) et méthodologique.
Où en est le projet aujourd’hui ?
Nous sommes en train de poser un pilier important : le cadre inhérent à la loi sur les recherches impliquant la personne humaine. La fédération doit notamment apporter une solution à la protection des données de santé issues de la recherche et elle doit aussi aider les chercheurs à identifier un promoteur au sens de la loi. Aussi, nous nous sommes rapprochés des centres hospitaliers de Savoie (CHMS) et Haute Savoie (CHANGE) en vue de travailler sur les solutions. Nous souhaitons également communiquer auprès des entreprises et des acteurs du territoire et favoriser les échanges scientifiques pour faire émerger des projets innovants qui répondent aux défis sociétaux actuels. Un travail a été initié en ce sens avec la Fondation USMB et Aix les bains Riviera des Alpes dans le cadre de la chaire BEST, un projet interdisciplinaire centré sur le bien-être et la santé mentale au sein de nos territoires, porté par mon collègue Arnaud Carré.
Votre priorité aujourd’hui ?
Nous souhaitons faire de cette fédération un véritable hub de recherche interdisciplinaire en santé, prévention et qualité de vie, un démonstrateur de ce que les chercheurs de l’USMB peuvent apporter à la santé en amont et/ou en aval de l’acte médical.